C’était inscrit dans son destin.
La mort violente. Par bombardement, par missile, par trahison, par snipper, par rafales multiples de M16…
Poursuivi dans le désert par l’armée la plus puissante du monde, et tous ses alliés, on ne tient pas longtemps…
Finalement, cela aura été un bombardement aérien.
Abou Moussab El Zarkaoui a été ratatiné du ciel par les forces américaines. Lui et une dizaine de ses lieutenants.
Ce sont, semble-t-il, des agents jordaniens qui ont réussi à le localiser. Et qui l’ont donné.
La Jordanie avait un compte sérieux à régler avec Zarkaoui…
Et puis, il y a avait la prime américaine, 25 millions de dollars, pour sa capture, quel que soit l’état du corps... Un véritable arrêt de mort. N’importe qui a pu le donner, un ennemi, y compris, pourquoi pas, des gens d’El-Qaïda, en désaccord avec sa stratégie. Et, plus certainement, un proche... Un salopard est devenu riche...
Sur CNN ce matin, un journaliste parlait d’un texte qui aurait été signé par Zarkaoui lui-même : « Le futur est terrifiant, disait-il. Je vois tous ces regards posés sur moi… ».
Son image tourne en boucle sur les écrans de télé et je ne ressens rien.
Sauf peut-être une forme de soulagement.
Zarkaoui était un tueur illuminé qui a entraîné une partie de la résistance dans l’impasse d’une guerre civile. Sa stratégie du chaos consistait à rendre l’Irak ingouvernable en dressant les sunnites contre les chiites.
Il a dressé les frères contre des frères.
Son action sanglante et destructrice a ralenti l’émergence d‘un front politique irakien uni contre l’occupation américaine.
Et ses mains sont pleines du sang des otages occidentaux exécutés à l’arme blanche, du sang des innocents irakiens, hommes, femmes et enfants qui se trouvaient sur le chemin de ses bombes.
Un tueur est mort. Tant mieux.
C’est une toute petite victoire pour l’Amérique. Un joli coup, mais qui ne change rien à la violence quotidienne, à l’état de déliquescence de l’Irak et à la responsabilité américaine dans ce désastre. Les hommes de Zarkaoui sont toujours là, identifiés, donc condamnés, prêts à se battre jusqu’au bout.
C’est probablement une vraie victoire pour le nouveau Premier ministre Irakien, Nouri al Maliki. Qui peut affirmer très symboliquement son autorité. Je ne connais pas ce monsieur, mais je sens un vrai patron, un pragmatique dont on va entendre parler.
Zarkaoui mort, c’est peut-être aussi le début d’une évolution politique de la résistance sunnite. C’est peut-être, devant le gouffre de la guerre civile, le début d’une convergence d’intérêts entre Sunnites et Chiites.
Peut-être que quelque chose va bouger.
Un tout petit espoir, une lueur dans le chaos et la violence.
ZL